In Magasine N° 209 – Mai / Juin 2023

Voici venu le temps d’une nouvelle réforme des retraites

Une de plus sur le long et méthodique parcours de la destruction de nos droits, du saccage de notre qualité de vie. Age de départ, annuités, taux plein, ces mots envahissent notre quotidien et le submergent. Débordant de tous nos écrans, présents dans toutes nos conversations, ce sont clairement plus que des mots. Ce sont des injonctions à nous taire, des chiffres qui tentent de nous encercler pour mieux nous réduire au silence. Déficit supposé, nombre d’actifs pour un retraité, réserves insuffisantes…. Ces chiffres tournent dans nos esprits comme autant de mouches bourdonnantes. Ils parlent, aboient et sont censés nous écraser de leur vérité brute.

Pourtant, ce mot, retraite, n’est pas un mot du jour. Il désigne « l’état que l’on embrasse en se retirant du monde » selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. Il peut décrire l’action de se mettre à l’abri au soir d’une cuisante défaite militaire. Ou le lieu même de cet abri, refuge monacal ou campagnard, signe de quiétude et de sérénité.

Pour beaucoup, il incarne ce moment, où, enfin, l’on sera libéré de la servitude de l’emploi pour assurer sa subsistance (même si on peut avoir légitimement quelques craintes quant au niveau matériel de celle-ci!). Pour un petit nombre, il représente l’angoisse de l’inactivité, de la sortie du monde des actifs, ce monde qui a été la base de leur existence.

Pourtant, la retraite est bien souvent l’inverse de l’inaction ! Elle est le temps d’une activité porteuse de sens auprès de ses pairs, au coeur même de la communauté humaine, qui en a tellement besoin.

Les associations de notre pays le savent bien, elles qui comptent en leurs rangs tant de retraités, qui ont encore tant à donner avant de s’apaiser.

Le sens de la retraite est au final bien là, bienveillant et plein de promesses. Se soustraire à la dictature du temps et de l’argent, s’apaiser, se soigner, se consacrer à autre chose. Vivre, un peu pour soi et tellement pour les autres.
Décidément, retraite est un mot bien trop chargé de sens précieux à notre part d’humanité pour le laisser à celles et ceux qui veulent le réduire à des chiffres….

François Bilem