IN Magazine N° 197 – Mai / Juin 2021
Essentiel ou pas, telle est la question !
Les librairies sont redevenues essentielles, ouf ! C’était important, mais ce n’est qu’une partie des activités culturelles… Les artistes devront attendre.
Heureusement il y a Netflix ! il y aussi internet, et on peut tout voir sur internet ! Les théâtres, les cinémas, les salles de concert, les musées sont vides, mais il y a internet. Cette substitution au réel est pratique et parfois remarquable…Mais le réel est tout de même irremplaçable et en particulier pour l’emploi.
Les grandes surfaces comme les petites nous proposent beaucoup de produits essentiels, nous sommes comblés. Quoique par obligation, pour ne pas dire par solidarité, avec la fermeture des petits commerces spécialisés, les rayons de sous-vêtements, de chaussures ne sont pas accessibles, au plus grand profit du e-commerce, qui lui ne fermera jamais. Tant pis pour ceux qui sont touchés par la fracture numérique. Quant à ceux qui s’abstiennent, c’est un choix.
En instaurant le régime d’exception, le pouvoir politique est devenu pour une durée indéterminée l’instaurateur du grand partage entre «l’essentiel» et «l’inessentiel» (1).
De confinement en re-confinement, les commerces dits «non essentiels», qu’ils soient des commerces isolés ou en galeries commerciales, ont été fermés. Pourtant lorsqu’ils sont ouverts, en dehors des périodes de soldes, ils risquent peu d’être débordés par leur clientèle. Donc, d’un côté les galeries commerciales désertes, de l’autre les supermarchés, presque saturés, selon les heures, comme les transports en période de pointe. Vous avez dit respect des distanciations ? Non ! aucun risque de clusters, c’est réputé sécurisé.
L’épidémie de Covid-19 et le confinement ont considérablement aggravé les inégalités sociales touchant les populations les plus vulnérables, en raison de leurs conditions de vie (travail, habitation, transports…) ainsi qu’en raison de la fréquence accrue des comorbidités dans ces populations.
La transformation de la gestion de l’hôpital, le rationnement budgétaire qui a mené à un sous-investissement majeur en lits et en personnel, ont joué un rôle essentiel dans la violence de la crise sanitaire en France, de même que l’insuffisance de politique de prévention et l’investissement dans la santé, la qualité de l’emploi et la lutte contre les inégalités (2).
Sans attendre, il est essentiel de relancer l’économie et l’emploi, maintenir et renforcer les dispositifs d’aides aux privés d’emploi, aux jeunes, aux précaires, augmenter les salaires et pensions, donner des moyens de vivre et non de survivre. La gratuité des transports pourrait peut-être y contribuer ?
Question subsidiaire : faut-il s’inquiéter du maintien de l’état d’urgence sanitaire ou plutôt de l’état des urgences ?
Christian Méchain, rédacteur en chef
(1) De la démocratie en pandémie.
(2) L’explosion des inégalités